Chers fidèles et chers amis, la lecture du Livre de Tobie de la Sainte-Écriture est une bien belle lecture, riche en enseignements de toutes sortes et en encouragements divers surtout… à la louange Divine. En ce temps de fin d’année, de temps de l’Avent et de Noël nos âmes pensent à nos défunts et à Noël qui nous apportera une lumière d’espérance au milieu de la nuit ; nos corps aussi plus éprouvés par la froidure de l’automne et de l’hiver arrivant, nous font penser à nos anciens qui souffrent plus par ce temps maussade et à nos malades qui trouvent peut-être le temps long.
Les défunts, les anciens, les malades et les enfants à venir sont bien les différentes catégories de personnes dont il est question dans ce Livre de Tobie. Ces différentes catégories de personnes ont toutes en commun d’avoir besoin du secours des adultes en bonne santé. Que nous enseigne donc le Livre de Tobie sur chacune d’elles.
"1.Mais lorsqu’il fut devenu homme, il épousa une femme de sa tribu nommée Anne, et il en eu un fils auquel il donna son nom… Tobie, allait tous les jours visiter tous ceux de sa parenté, les consolait, et dis- tribuait à chacun d’eux, selon son pouvoir.
Il nourrissait ceux qui avaient faim, revêtait ceux qui étaient nus, et avait grand soin d’ensevelir ceux qui étaient morts, ou ceux qui avaient été tués (Tobie I v. 9, 19 et 20)."
Ensevelir les morts est une œuvre de miséricorde et Tobie s’y employait avec zèle et dévotion même au prix des moqueries des siens ou des persécutions de la part du monde païen qui l’entourait.En effet, les païens qui ne croyaient pas à la résurrection des corps avaient pris l’habitude de les faire incinérer. L’Église catholique n’admet pas l’incinération des morts, en y voyant la marque du paganisme et d’un refus de la foi en la résurrection de la chair.
Comme pour le reste de son enseignement, l’Église se fonde sur la Sainte Écriture : dans les cultures païennes des peuples autour des Hébreux de l’Ancien Testament, puis des premiers chrétiens, l’incinération était courante, même si elle n’était pas systématique : ainsi les héros de la guerre de Troie dans l’Iliade sont incinérés, tout comme Jules César.Les philosophies et les religions ne croyant pas à la résurrection et opposant l’âme et le corps incinèrent leurs morts comme encore de nos jours chez les Hindoux par exemple.
Or, l’ensemble de l’Ancien Testament montre que les Hébreux enterraient leurs morts, à l’exception du roi Saül, ce qui n’est pas forcément un exemple à suivre dans l’esprit des rédacteurs.En effet, même si la croyance en la résurrection se fait jour petit à petit dans l’Ancien Testament, pour devenir explicite dans les Livres de Daniel et des Maccabées, brûler le corps, c’est clairement indiquer ne pas croire en sa résurrection.
Les trois religions monothéistes ont repris l’inhumation de ce fait. En soi, incinérer un corps n’empêche pas sa résurrection: saint Augustin l’explique dans La Cité de Dieu, mais il se réfère aux corps brûlés accidentellement ou ceux perdus en mer. Ajoutons que la préservation de corps de certains saints est vue par l’Église comme un signe de la promesse annoncée : les corps de sainte Catherine Labouré, bien visible dans la chapelle de la rue du Bac, ou celui de saint François-Xavier,pourtant recouvert de chaux vive, comme aussi sainte Bernadette Soubirou ou comme beaucoup d’autres, ont été retrouvés parfaitement intacts de façon inexpliquée. Cela pour l’édification de notre foi et de notre espérance.
Enfin, sur un autre plan, plusieurs psychologues soulignent le traumatisme de l’incinération pour les proches qui y assistent et la difficulté de faire le travail de deuil en l’absence de tombe. Le Christ, notre modèle, a été enseveli, et nous, nous voulons être ensevelis comme lui.
Lors de funérailles chrétiennes, le prêtre bénit le corps et la tombe. La raison en est que notre foi nous enseigne que le corps ressuscitera à une vie nouvelle. Une bonne préparation à la mort
vaut plus que de belles funérailles. Pour la paix de l’âme du défunt il convient de faire
célébrer des messes. Souvent on chante une messe de Requiem, suivie d’une absoute, le jour de l’enterrement, le
septième et le trentième jour et le jour anniversaire pour le repos de l’âme du défunt.
2. Il arriva un jour que, s’étant lassé d’ensevelir les morts, il (Tobie) revint en sa maison, et s’étant couché au pied d’une muraille, il s’endormit ; et pendant qu’il dormait, il tomba d’un nid d’hirondelles de la fiente chaude sur ses yeux ; ce qui le rendit aveugle. Dieu permit que cette épreuve lui arrivât, afin que sa patience ser- vît d’exemple à la postérité, com- me celle du saint homme Job (To- bie, II v. 10 à 12).
La maladie n’est pas forcément un châtiment, elle peut être une épreuve. Les proches, la société doivent leur venir en aide et non pas abréger leur vie pour s’en séparer. Notre Seigneur à guéri une foule de malades, il ne leur a jamais abrégé la vie afin de les soulager. Le cas récent de Vincent Lambert est un exemple typique de notre société qui a perdu le sens de Dieu et désire légaliser l’euthanasie.
Par euthanasie, on entend l’action ou l’omission qui, par sa nature ou dans ses intentions, procure la mort dans le but d’élimi-ner toute douleur. L’euthanasie se situe donc au niveau des intentions et des méthodes employées.
La pitié, suscitée par la douleur et par la souffrance des malades en phase terminale, des enfants anormaux, des malades mentaux, des vieillards, des personnes atteintes de maux incurables, n’autorise aucune euthanasie directe, active ou passive. Ici, il ne s’agit pas d’aide apportée au malade, mais plutôt du meurtre délibéré d’un homme.
Le personnel médical et paramédical, fidèle à son devoir d’être toujours au service de la vie et de l’assister jusqu’à
la fin, ne peut se prêter à aucune pratique d’euthanasie, même pas sur la requête de l’intéressé, et encore moins de ses proches. En effet, aucun droit n’est accordé, à personne,
quant à l’euthanasie, parce qu’aucun droit n’est donné qui permette de disposer arbitrairement de sa propre vie. Aucun professionnel de la santé ne peut donc se faire le tuteur exécutif d’un
droit inexistant.
Tout autre le cas, déjà mentionné, du droit de mourir en toute dignité humaine et chrétienne. C’est un droit réel et légitime, que le professionnel de la santé est appelé à sauvegarder, en soignant le mourant et en acceptant la fin naturelle de la vie.
Il existe une différence radicale entre donner la mort et accepter la mort ; le premier est un acte qui supprime la vie, le second est son acceptation jusqu’à la mort.
Au terme de l’existence, l’homme se trouve placé en face du mystère de la mort. En raison des progrès de la médecine et dans un contexte culturel souvent fermé à la transcendance, l’expérience de la mort présente, actuellement, certains aspects nouveaux.
En effet, lorsque prévaut la tendance à n’apprécier la vie que dans la mesure où elle apporte du plaisir et du bienêtre, la souffrance apparaît comme un échec insupportable dont il faut se libérer à tout prix. La mort, tenue pour absurde si elle interrompt soudainement une vie encore ouverte à un avenir riche d’ex- périences intéressantes à faire, devient au contraire une libération revendiquée quand l’existence est con- sidérée comme dépourvue de sens dès lors qu’elle est plongée dans la douleur et inexorablement vouée à des souffrances de plus en plus aiguës.
En outre, en refusant ou en oubliant son rapport fondamental avec Dieu, l’homme pense être pour lui- même critère et norme, et il estime aussi avoir le droit de demander à la société de lui garantir la possibilité et les moyens de décider de sa vie dans une pleine et totale autonomie.
C’est en particulier l’homme des pays développés qui se comporte ainsi ; il se sent porté à cette attitude par les progrès constants de la mé- decine et de ses techniques toujours plus avancées… Dans ce contexte, la tentation de l’euthanasie se fait toujours plus forte, c’est-à-dire la tentation de se ren- dre maître de la mort en la provoquant par anticipa- tion et en mettant fin ainsi en douceur à sa propre vie ou à la vie d’autrui. Cette attitude, qui pourrait paraître logique et humaine, se révèle en réalité absurde et inhumaine, si on la considère dans toute sa profondeur.
Nous sommes là devant l’un des symptômes les plus alarmants de la culture de mort, laquelle progresse surtout dans les sociétés du bien-être, caractérisées par une mentalité utilitariste qui fait apparaître très lourd et insupportable le nombre croissant des personnes âgées et diminuées. Celles-ci sont très souvent séparées de leur famille et de la société, qui s’organisent presque exclusivement en fonction de critères d’efficacité productive, selon lesquels une incapacité irréversible prive une vie de toute valeur.
Pour porter un jugement moral correct sur l’euthanasie, il faut avant tout la définir clairement. Par euthanasie au sens strict, on doit entendre une action ou une omission qui, de soi et dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur. L’euthanasie se situe donc au niveau des intentions et à celui des procédés employés.Il faut distinguer de l’euthanasie la décision de renoncer à ce qu’on appelle l’acharnement thérapeutique, c’est-à-dire à certaines interventions médicales qui ne conviennent plus à la situation réelle du malade, parce qu’elles sont désormais disproportionnées par rapport aux résultats que l’on pourrait espérer ou encore parce qu’elles sont trop lourdes pour lui et pour sa famille. Dans ces situations, lorsque la mort s’annonce imminente et inévitable, on peut en conscience renoncer à des traitements qui ne procureraient qu’un sursis précaire et pénible de la vie, sans interrompre pourtant les soins normaux dus au malade en pareil cas.
Il est certain que l’obligation morale de se soigner et de se faire soigner existe, mais cette obligation doit être confrontée
aux situations concrètes ; c’est-à-dire qu’il faut déterminer si les moyens thérapeutiques dont on dispose sont objectivement en proportion avec les perspectives d’amélioration. Le renoncement à
des moyens extraordinaires ou disproportionnés n’est pas équivalent au suicide ou à l’euthanasie ; il traduit plutôt l’acceptation de la condition humaine devant la mort.
Rien ni personne ne peut autoriser que l’on donne la mort à un être innocent, fœtus ou embryon, enfant ou adulte, vieillard, malade incurable ou agonisant.Personne ne peut demander ce
gestehomicide pour soi ou pour un autre confié à sa responsabilité, ni même y consentir, explicitement ou non. Aucune autorité ne peut légitime-ment l’imposer, ni même
l’autoriser.
"Le jeune Tobie, prenant du fiel de poisson, en frotta les yeux de son pè-re.
Et, après qu’il eût attendu environ une demi-heure, une petite peau blanche, semblable à celle d’un œuf,
commença à sortir de ses yeux. To-bie, la prenant, la tira des yeux de son père ; et aussitôt il recouvra la vue (Tobie, XI, v 13 à 15).
3. Et Tobie (le jeune) dit à l’ange : où voulez-vous que nous logions ? L’ange lui répondit : il y a ici un hom- me qui s’appelle Raguel, qui est de vos proches et de votre tribu :
il a une fille nommée Sara, qui n’a ni fils ni fil- le, hors elle seule
tout son bien doit vous revenir ; il faut que vous épousiez cette fille. De- mandez-la donc à son père : et il vous la donnera en mariage (Tobie, VI, v 10 à
13)"
Le mariage chrétien est un sacrement dont le but premier est la procréation et l’éducation des enfants. Un enfant devrait donc venir sur la terre dans le cadre d’un mariage légitime catholique et au moyen d’un acte effectué selon la loi naturelle. Donc toute procréation médicalement assistée, gestation pour autrui etc. sont proscrites par la loi morale. Les enfants ont le droit de connaître leurs père et mère biologiques.
"Maintenant donc le Seigneur m’a envoyé pour vous guérir, et pour délivrer du démon Sara, la femme de votre fils ; car je suis l’ange Raphaël, l’un des sept qui sommes présents devant le Seigneur (Tobie, XII, v 14 et 15). Depuis qu’il eut recouvré la vue, il vécut quarante-deux ans, et il vit les enfants de ses petits-fils. Après avoir vécu cent deux ans, il fut enseveli honorablement dans Ninive (Tobie, XIV, v.1 et 2)."
Que le Saint Enfant de la crèche vous bénisse, vous accorde un joyeux Noël et une sainte Année 2020.
Avec toutes mes prières,
Abbé Hecquard
Écrire commentaire